Comportements agressifs
La violence dans les trains doit cesser !
Le personnel des trains et celui des locs subissent quotidiennement le comportement agressif et les actes de violence de certains usagers. Ce problème a pris de l’ampleur ces dernières années. Le SEV a enjoint aux CFF, mais également à d’autres responsables, de passer enfin à l’action. Entretien avec Hanny Weissmüller, présidente centrale de la LPV, et Ralph Kessler, président central de la ZPV.
Hanny Weissmüller, tu conduisais un train du Valais à Genève, le dimanche matin 21 avril. Raconte-nous ce que tu as vécu.
Hanny Weissmüller : Je conduisais le premier train pour Genève Aéroport, qui part de Sion à 4 h 24. Cela a toujours été un train à problèmes, mais les événements de ce dimanche-là ont été les pires jamais vus. On trouve souvent dans ce train des gens ivres qui rentrent chez eux après avoir fait la fête. Mais aussi des voyageurs ou des familles qui doivent prendre un vol matinal à Genève. Le 21 avril, plusieurs dizaines de jeunes gens sont montés dans le train à Martigny, où ils avaient passé la nuit dans une nouvelle boîte. La police cantonale les avait escortés jusqu’à ce qu’ils montent dans le train. À la gare, elle nous a refilé le « problème ». Les jeunes ont alors immédiatement commencé de vandaliser leur wagon. À part moi, il n’y avait qu’une seule accompagnatrice des voyageurs, et non deux comme c’était pourtant prévu. Bientôt, les jeunes ont sorti les couteaux et se sont bagarrés. Totalement impuissantes, nous avons fait appel à la police des transports des CFF. Ma collègue est parvenue à mettre les autres voyageurs en sécurité dans le wagon 1re classe. Jusqu’à Lausanne, le train s’est arrêté plusieurs fois, conformément à l’horaire, mais la police des transports n’est jamais intervenue. À Lausanne, où la police a un site, le soutien est enfin arrivé et les jeunes ont alors décampé. Les wagons ressemblaient à une zone dévastée par une tornade. Ma collègue et moi avons vécu là une horrible expérience.
Ralph Kessler : De tels incidents ne sont malheureusement que la pointe de l’iceberg. Ces dernières années, de plus en plus de signalements nous sont parvenus relatant des actes de violence et des menaces à l’encontre du personnel des trains. Le fait que cette histoire se soit déroulée précisément sur ce tronçon-là ne me surprend guère. Il y a quelques années, les CFF ont fermé la centrale qu’occupait la police des transports à Martigny. Dès lors, nous avons désormais des agents seulement à Lausanne. Quant à la police cantonale, une fois que les gens sont montés dans le train, elle se décharge tout bonnement du problème sur les gares. Je trouve préoccupant que le trajet en train de Martigny à Lausanne, qui dure 59 minutes et compte plusieurs arrêts intermédiaires, puisse se dérouler sans que personne, apparemment, soit en mesure d’intervenir. Quel concept d’intervention les organes de la police ont-ils en tête ?
Les CFF devraient-ils mettre plus de personnel à disposition ?
H. W. : Oui, plus de personnel aiderait certainement. Les trains régionaux non accompagnés devraient de nouveau l’être. En tant que conductrice de locomotive, j’assiste souvent à des situations pénibles lorsque je suis seule à la manœuvre. Dans les trains connus pour être critiques, il faut au moins deux personnes d’accompagnement. Quant à la police cantonale, elle doit impérativement nous soutenir, et non se débarrasser ainsi du problème, surtout quand elle sait qu’il n’y a pas de police des transports loin à la ronde. À mon avis, c’était une erreur de fermer des centrales de la police des transports. On pourrait aussi prendre dans les gares des mesures pour rassurer les usagers, par exemple en améliorant l’éclairage.
R. K. : Mettre dorénavant du personnel d’accompagnement dans des trains qui, pendant des années, ont roulé sans accompagnement, n’est pas une sinécure pour le personnel : c’est même un défi de taille à relever. L’exemple des trains RegioExpress le soir entre Genève, Vevey et Saint-Maurice est là pour le prouver. Les CFF ne peuvent pas espérer tout à coup être en mesure de rétablir la « situation normale » avec un seul agent de train. Ils ont clairement laissé passer l’occasion de mettre en place les mesures d’accompagnement qui s’imposaient. Accompagner la clientèle dans les trains est en effet devenu un job extrêmement exigeant. Les pressions à la fois psychique et physique exercées sur le personnel sont énormes, ce que reflète le taux élevé d’absentéisme : 26 jours par année et par employé·e. Il faut de toute urgence alléger les charges qui pèsent sur le personne.
Récemment, la ZPV a soumis aux CFF plusieurs requêtes pour qu’ils prennent des mesures pour soulager le personnel. Les principales d’entre elles touchent au double accompagnement par le personnel de train. Qu’en est-il au juste ?
R. K. : En 2009, à la suite de plusieurs cas de violence, le double accompagnement généralisé a été introduit dans les trains grandes lignes. En décembre 2018, avec le changement d’horaire et l’introduction du concept « Stratégie d’accompagnement 2020 », il a été supprimé. De plus, les CFF ne respectent pas les règles convenues comme le double accompagnement systématique à partir de 22 h ou dans les trains très matinaux, souvent critiques. Nous exigeons avec insistance pour que ces dispositions soient à nouveau respectées. En 2019 déjà, en raison d’expériences négatives, la ZPV avait exigé des CFF qu’ils rétablissent le double accompagnement généralisé dans le trafic grandes lignes.
Les CFF ont réagi et vous ont convié à des entretiens. Est-ce que ça suffit ?
R. K. : D’une manière générale, force est de constater que nous transportons de plus en plus de gens dans les trains et que les CFF, mais également d’autres compagnies, opèrent en s’appuyant sur des concepts d’accompagnement qui prennent insuffisamment, voire pas du tout en compte la situation actuelle, ce qui ne fait que renforcer la nécessité d’une action urgente. À plusieurs reprises, nous avons demandé aux CFF de maintenir le double accompagnement et, lors de chaque séance, nous les rendons attentifs au fait qu’ils ne respectent pas les dispositions convenues, comme le double accompagnement systématique à partir de 22 h ou dans les trains critiques. Avec le projet « Stratégie d’accompagnement 2020 », on nous a fait des promesses (plus de deux agents pour accompagner les voyageurs dans les trains de 400 mètres à deux étages). Or, elles n’ont pas été tenues. En clair : les CFF nous ont menti. La relation de confiance est cassée. Un simple retour en arrière en 2008 montre à quel point la situation a changé : dans un rapport de gestion des CFF, on apprend que cette année-là il y a eu 240 voies de fait contre le personnel des CFF (236 en 2007). Le 20 mars 2024, les CFF nous ont fait savoir que, jusqu’à cette date, dans le seul domaine de l’accompagnement des voyageurs et du nettoyage, on avait déjà dénombré 400 agressions contre le personnel. Si l’on projette ce chiffre sur toute l’année en cours, cela donne 1750 agressions contre le personnel, rien que dans ce domaine !
H. W. : Ces derniers mois, deux de mes collègues conducteurs de loc ont reçu des coups qui ont nécessité leur hospitalisation. Pour avoir discuté avec des collègues d’autres entreprises, j’ai constaté que ce problème ne concerne pas que les CFF. Aux Chemins de fer rhétiques, l’été passé, la police a dû intervenir massivement après qu’un groupe de touristes avait usé de violence. La situation n’est pas plus rose dans les autres transports publics, par exemple dans les bus et dans les trams, où l’on note aussi une hausse des comportements agressifs chez les usagers.
En Allemagne, notre confrère syndical EVG menace de déclencher une grève à l’occasion de l’Euro 2024 si rien ne se fait pour enrayer la violence et les agressions. Qu’en est-il exactement en Suisse au sujet des trains de supporters ?
R. K. : Face à un tel événement, les exigences émises par EVG sont tout à fait fondées. En Suisse, pour les trains de supporters, on se renvoie la balle depuis des années entre les clubs, la Swiss Football League et les milieux politiques. Cela n’a débouché sur aucun résultat concret. Aucune mesure n’a été prise. En ce qui concerne l’encadrement des fans, il y a très peu d’exemples positifs qui débouchent sur des succès (à part YB). Il faudrait que les milieux politiques, mais aussi la Swiss Football League joignent enfin le geste à la parole. Il serait temps que la classe politique émette un signal clair.
Michael Spahr
Marre des agressions !
Les agressions physiques et les insultes envers le personnel des locs et des trains accablent quotidiennement nos collègues. Depuis la crise du Covid, la violence verbale et physique envers le personnel des transports publics (TP) a sensiblement augmenté.
Il y a quelques semaines, plusieurs douzaines de jeunes ont commis des actes de vandalisme à quatre heures du matin dans un train dans le Bas-Valais. La mécanicienne de locs et l’unique assistante clientèle présente ont été livrées à elles-mêmes dans cette situation explosive. On peut remercier nos deux collègues qui, par leur réaction avisée, ont réussi à éviter que les choses ne dégénèrent cette nuit-là. De tels incidents amènent de la peur parmi le personnel et on le comprend !
Une mesure qui contribuerait sans aucun doute à augmenter le sentiment de sécurité serait l’engagement de suffisamment de personnel d’accompagnement, dans les trains critiques, par exemple ceux qui circulent tard la nuit ou très tôt le matin durant le week-end. Un accompagnement à deux assistant·es clientèle est absolument nécessaire, sans exception ! Pour cela, il faut augmenter les effectifs et avoir un personnel de réserve rémunéré pour pouvoir couvrir également les absences à court terme des collègues et garantir ainsi un accompagnement intégral.
Dans la police des transports, apparemment 220 policières et policiers ne suffisent pas à couvrir les engagements dans toute la Suisse et à assurer quotidiennement la présence et les interventions. Ici aussi, la solution réside dans une hausse des effectifs. Le scepticisme du SEV quant à la fermeture des sites de la police des transports de Martigny et Neuchâtel s’est avéré tout à fait fondé. Au moins, le site de Martigny devrait être rouvert !
Non seulement les entreprises sont sollicitées, mais les corps de police cantonaux le sont également. Ils ne sont certes pas responsables des interventions dans les trains, mais pour tout ce qui se passe autour. Il n’est pas acceptable que des groupes de personnes manifestement agressives et fortement alcoolisées soient accompagnés dans les trains et qu’ensuite la police ne soit pas présente, comme cela s’est produit lors de l’incident susmentionné.
Les agressions envers le personnel et une tendance croissante à la violence sont des problèmes sociétaux pour lesquels il n’y a pas de solution toute faite. Toutefois, il est possible de prendre des mesures. Cela doit être fait dès maintenant, de toute urgence !
Commentaire de Patrick Kummer, vice-président SEV
Commentaires
Fabienne von Flüe 31/05/2024 10:33:56
Das Personal ist ständig flexibel und schaut und macht für die SBB. Braucht man umgekehrt einmal etwas, kann man es getrost vergessen. Der Bund wollte das Corona-Theater, dann muss auch er die Konsequenzen tragen und das macht er leider nicht!
Cara 05/06/2024 17:31:52
Der letzte Absatz im Artikel über die Fanzüge finde ich hier nicht passend. Regelzüge sind eine andere Angelegenheit. Das ist als würde man Wasser mit Wein vergleichen.