Votations
Un oui central pour les médias
Le 13 février c’est jour de votations. Le SEV, comme l’USS, appelle à rejeter l’abolition du droit de timbre et recommande de voter oui à l’aide aux médias. Il ne donne aucune recommandation de vote pour les deux autres objets. Explications.
Le SEV appelle à voter oui à l’aide aux médias de 151 millions sur sept ans, combattue par référendum. L’argument principal brandi par les syndicats tient en deux mots: service public. « Avec le train de mesures d’aide aux médias, la couverture médiatique est enfin reconnue pour ce qu’elle est dans une société démocratique de l’information : un élément indispensable du service public, explique la secrétaire syndicale SEV et conseillère nationale socialiste Edith Graf-Litscher. Cette loi offre davantage de moyens à l’aide indirecte aux médias en soutenant financièrement l’offre de distribution postale matinale et en augmentant le soutien à la presse associative, dont la presse syndicale fait partie. »
Parmi les nouveautés de ce paquet figure le soutien financier au journalisme indépendamment du support technologique. Le Parlement a prévu une enveloppe de 30 millions de francs par an pour garantir que les habitants de toutes les régions du pays puissent s’informer en ligne, dans toutes les langues nationales, sur ce qui se passe chez eux sur les plans politique, économique ou social. Seuls les médias qui sont en partie financés par leurs lecteurs bénéficieront d’une aide. Les offres gratuites ne seront pas soutenues. « On renforce ainsi la démocratie par le biais du soutien à l’information. Et contrairement à ce qu’indiquent les opposants, cet argent ne va pas renforcer les grands groupes. Les aides proposées sont dégressives. Ainsi, les médias plus petits sont proportionnellement mieux soutenus, souligne Edith-Graf Litscher, qui siège à la Commission des transports et des télécommunications du Conseil national. Cela permet de garantir une couverture médiatique de qualité à l’ensemble du pays. Cela est fondamental dans notre état confédéral. A cela s’ajoute une hausse de la redistribution de la redevance radio et télévision pour les radios locales et les télévisions régionales. »
Arguments « purement » syndicaux
Au-delà des arguments du service public, la loi offre des garanties liées à l’amélioration des conditions de travail. L’aide aux médias offrira un bol d’air frais aux entreprises. Cela permettra de freiner la dégradation des conditions de travail dans une branche où les restructurations et les disparitions d’emplois sont permanentes. Il faut rappeler que depuis 2003, 70 journaux ont disparu en Suisse selon l’institut de Recherches et études des médias publicitaires (REMP). Autre point très important : la distribution matinale, souvent caractérisée par des emplois précaires, sera enfin soumise à une obligation de négocier des conventions collectives de travail, rappelle l’USS dans son argumentaire.
Eviter le statu quo
Les opposants à l’aide aux médias ont le culot d’agiter la menace qu’on en arrive à des « médias d’Etat » et à la « fin de la liberté journalistique » en cas de oui. « Mais c’est tout l’inverse ! Si le paquet échoue dans les urnes, tout continuera comme aujourd’hui : Facebook et Google s’accapareront toujours plus de recettes publicitaires (contre zéro prestation médiatique !), les médias locaux et régionaux continueront de mourir à petit feu et les rares formats restants des grands groupes médiatiques se rempliront toujours plus de publireportages et d’émissions sponsorisées. Et c’est précisément ce genre d’évolution qui fait que l’indépendance et la diversité des médias rétrécit toujours plus, et non le renforcement de l’aide aux médias », rappelle Edith Graf-Litscher.
En outre, l’aide aux médias d’une durée de sept ans doit permettre d’obliger les grands groupes à prendre leurs responsabilités: en effet beaucoup d’améliorations importantes sont passées à la trappe dans le cadre de ce compromis. « Il faudrait rendre obligatoire la conclusion d’une convention collective de travail prévoyant des conditions de travail exemplaires dans tous les secteurs qui bénéficient d’une aide, rappelle Edith Graf-Litscher. Il faudrait aussi progresser dans la création d’une agence de presse nationale et indépendante. Il est aussi grand temps de taxer de manière appropriée les grands groupes du numérique et leurs chiffres d’affaires exorbitants sur le marché suisse.»
Mais en attendant, un oui s’impose !
Vivian Bologna
Non à l’abolition du droit de timbre
Le SEV s’oppose avec l’USS et les partis de gauche à la suppression du droit de timbre. Cette suppression est une (très) vieille revendication des banques et des assurances. Jusqu’ici, toutes les tentatives ont pu être bloquées, aussi parce que cette suppression entraînerait la perte de plus de deux milliards de francs de recettes fiscales. Le Parlement et le
conseiller fédéral Ueli Maurer ont donc choisi d’avancer masqués : ils ont entrepris de diviser le projet de suppression en plusieurs tranches pour les faire passer plus facilement.
La première tranche, déjà décidée par le Parlement, prévoit la suppression du droit d’émission de timbre sur le capital propre (coût approximatif : entre 200 et 250 millions de francs). La deuxième tranche comprend la suppression du droit de négociation sur le commerce de papiers-valeurs, avec en plus la suppression de l’impôt anticipé sur les intérêts obligataires (voir en page 3). Par la suite, tous les droits de négociation devraient disparaître, ainsi que le droit de timbre sur les primes d’assurance.
Les pertes fiscales de 2 milliards engendreront des déficits que devront payer les travailleurs et les travailleuses.
Plus d’information sur www.arnaque-non.ch